Les actions de l'ATC
On ne peut aimer nos tortues en captivité sans aimer la faune et la nature dans son ensemble.
On ne peut aimer la faune et la nature dans son ensemble sans la protéger ou participer à sa protection.
On ne peut protéger la nature sans la connaître un minimum.
On ne peut pas non plus protéger la nature sans s'organiser.
Un des rôles des associations telles que l'ATC est justement,
en plus de leur mission pédagogique concernant les tortues,
de participer à la diffusion de la connaissance de la nature et des espèces sauvages,
en milieu naturel autant qu'en captivité.
Notre pays, la France, compte plusieurs espèces de tortues dans ses milieux naturels :
- La Testudo hermanni (la "tortue d'Hermann"), petite tortue terrestre présente en France uniquement dans le Massif des Maures, et en voie d'extinction dans tous ses milieux naturels (le Massif des Maures en France, quelques zones en Espagne, et de plus nombreuses zones sur la côte méditerranéenne ouest de l'Italie). Il y a probablement aujourd'hui près de dix mille fois plus de Testudo hermanni nées en captivité dans toute la France (il en naît des centaines par an chez les amateurs) que nées dans la nature ! L'espèce peut donc être réellement préservée si les pouvoirs publics prennent conscience de l'importance de l'élevage en captivité, surtout dans les milieux associatifs où les techniques sont constamment perfectionnées et où se mettent en place des groupes d'études par des amateurs chevronnés ! L'adhésion des amateurs aux associations est à ce titre une garantie très sérieuse qui peut enfin un jour donner ses lettres de noblesses à l'élevage en captivité et peser énormément sur des décisions positives des législateurs en faveur des amateurs !
- L'Emys orbicularis (la "cistude"), petite tortue aquatique présente dans une grande partie de la France, en voie de disparition pour une raison que nous verrons quelques lignes plus bas. Grande et très bonne nouvelle : la détention et l'élevage de cistudes par les amateurs est enfin acceptée par la législation française !
- La Mauremys leprosa (l' "émyde lépreuse"), petite tortue aquatique ressemblant beaucoup à la cistude, mais présente uniquement dans quelques points isolés des départements des Pyrénées Atlantiques, de l'Aude et de l'Hérault. Cette tortue est beaucoup plus abondante en Espagne et surtout en Afrique du Nord. Elle est elle aussi en danger dans toute son aire de répartition en raison de l'omniprésence humaine et de l'utilisation à outrance des rivières par l'homme, sans parler de la pollution infligée à ces rivières.
L'une de ces espèces de tortues vues ci-dessus
a son aire de répartition étendue sur une très grande partie de la France.
Il s'agit de la cistude, dont le nom scientifique est Emys orbicularis.
Cette tortue compte même un de ses grands foyers historiques dans notre propre région,
au nord-ouest du département de l'Indre, dans la vaste zone des
étangs de la Brenne.
Mais depuis un siècle la population des cistudes est en déclin
dans cette zone comme dans tout le reste de la France.
L'ATC est donc particulièrement concernée par la survie de cette tortue représentative de notre région.
La cistude est présente, bien que peu visible,
dans diverses rivières de nos régions,
et non seulement dans les étangs de la Brenne.
Aussi l'ATC tente-t-elle d'établir une carte géographique des zones où elle a été observée,
même de façon fugace car la présence d'une tortue dans un lieu encore non répertorié
peut signifier deux choses possibles :
- soit il s'agit d'une tortue qui a été relâchée par une personne peu scrupuleuse de la préservation sanitaire du milieu sauvage
- soit il s'agit d'une famille de tortues présente mais encore jamais observée à cet endroit.
La tortue aquatique européenne, la cistude,
fait face depuis une vingtaine d'années à un danger permanent
qui lui vient de très loin.
Il s'agit d'un ensemble d'autres tortues, d'origine américaine,
superbes tortues il est vrai,
nommées Trachemys, Pseudemys, Chrysemys, Graptemys...
des genres groupant plusieurs espèces dont la fameuse et bien mal nommée "Tortue de Floride",
et qui furent pendant très longtemps proposées à la vente
en animaleries dans notre pays comme dans toute l'Europe.
Ces tortues américaines étaient vendues en dépit du bon sens
par toutes les animaleries,
à un âge très jeune...
et bien souvent à une clientèle elle aussi très jeune.
En effet quel enfant venant acheter un jouet pour son petit chien
n'a pas rêvé à la vue de quelques adorables petites tortues vertes
dans un grand bassin de l'animalerie
et n'a pas demandé un jour ou l'autre à ses parents d'en emporter une
pour la mettre dans sa chambre ou "sur la table de la cuisine devant la fenêtre" ?
Le problème est que ces tortues minuscules lors de l'achat (quelques dizaines de grammes),
souvent livrées dans un tout petit bassin à peine plus grand qu'un plat
et agrémenté d'un petit palmier en plastique au milieu,
vendues sans la moindre compétence du vendeur à propos de la biologie
et du mode de vie et d'alimentation de ces tortues...
devenaient un jour bien encombrantes !
Tous les parents furent vite surpris par la taille et le poids
que prenaient peu à peu ces tortues au bout de seulement quelques années :
quand par miracle une de ces tortues arrivait à atteindre l'âge adulte,
son poids pouvait fréquemment dépasser les deux kilos dans ce petit aquarium ridicule !
Une grande partie de ces tortues aquatiques américaines devenues adultes et bien encombrantes
prirent alors le chemin qui semblait le plus naturel
pour tous ces parents dépassés par les événements :
celui du retour à la nature.
Oui mais... à la nature en France ! Et non à la nature américaine !
Or ces tortues venues d'Amérique du Nord, par ailleurs très vives et très puissantes,
se sont avérées particulièrement aptes à vivre dans les rivières européennes !
A tel point qu'elles ont radicalement pris possession de nombreux lieux
où vivaient depuis des millénaires les cistudes qui se reproduisaient,
pondaient souvent sur les mêmes nids de pontes où elles-mêmes étaient nées
dix, vingt, trente ans plus tôt. Et ce depuis des temps immémoriaux !
Une compétition où la fragile cistude européenne ne pouvait être que toujours perdante
face à cette nouvelle rivale puissante et très vive venue d'ailleurs.
D'innombrables lieux de pontes de cistudes ont été investis
par ces tortues venues d'outre-Atlantique.
Ce fut une catastrophe pour les écosystèmes aquatiques européens,
chaque espèce animale présente en un lieu depuis des millénaires ayant un rôle
dans le maintien de l'équilibre local de la faune et de la végétation.
La cistude a commencé à connaître un très grand déclin en France et en Europe
lorsqu'ont débuté les premiers relâchers par des particuliers
ne sachant plus quoi faire de leur "petite tortue de Floride"
devenue désormais bien trop encombrante...
ou n'intéressant tout simplement plus l'enfant !
Il paraissait si naturel qu'elle "retourne à la nature" !
Peut-on en vouloir à ces personnes
(dont probablement nombre d'entre nous il y a vingt ans)
qui ont autrefois cédé à une tentation devant un minuscule animal...
acheté sans aucun conseil et élevé sans aucune aide
ni aucune documentation ni aucune littérature à l'époque ?
Peut-on aussi en vouloir à cette "tortue de Floride"
qui n'a jamais demandé à traverser l'Atlantique...
et ne demande tout simplement qu'à vivre ?
Qui est le responsable de cette situation... si ce n'est le commerce ?
Le commerce... mais aussi une société devenue folle où on achète trop facilement un animal
comme on achète un jouet ou n'importe quel cadeau ou comme n'importe quel bibelot.
Aujourd'hui encore on constate régulièrement avec navrance
l'achat d'une tortue (ou de n'importe quel autre animal)
pour l'offrir en "cadeau-surprise" à un ami ou à un enfant !
Triste destin que vont vivre ces animaux dans plus des trois quarts des cas !
En 1997, l'importation des Trachemys scripta elegans (la "tortue de Floride")
a été soudain interdite en Europe.
Enfin les pouvoirs publics et les législateurs européens
prenaient conscience de la gravité de la situation !
Oui... mais la Trachemys scripta elegans n'est qu'une
des nombreuses espèces de Trachemys.
Les textes ayant été mal rédigés
et se limitant à l'interdiction d'importation
de la Trachemys scripta elegans (la "tortue de Floride")...
les autres Trachemys continuaient à être importées !
Et même de plus en plus nombreuses en raison d'un nouveau phénomène socioculturel :
l'engouement pour les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie),
nom donné à un ensemble d'animaux totalement étrangers
aux espèces traditionnellement utilisées comme animaux de compagnies...
et des animaux les plus exotiques possibles,
la plupart du temps totalement en violation de la préservation de la faune européenne.
C'est ainsi que l'écureuil de Corée, par exemple,
abondamment relâché (ou perdu) dans la nature comme nos Trachemys,
a causé la quasi-disparition de l'écureuil européen si abondant et si admiré de notre enfance.
De plus parmi les tortues aquatiques nord-américaines
les Trachemys ne constituent qu'un genre
parmi les nombreux genres importés
et mettant en danger la pérennité des tortues aquatiques européennes.
Comme nous l'avons vu plus haut dans ce texte
il existe aussi les Pseudemys, les Chrysemys, les Graptemys...
Malgré cette incohérence de la législation européenne en 1997,
pendant plusieurs années le nombre de tortues aquatiques américaines relâchées dans les rivières européennes
finit par décroître. On aurait pu croire à un renouveau de la cistude...
Hélas, ce ne fut qu'un répit !
Car en 2004, la nouvelle législation introduite par les Arrêtés ministériels du 10 août 2004,
par ailleurs justifiée dans son ensemble et reconnue comme globalement une bonne mesure
pour les espèces comme pour l'élevage ou la simple détention par les amateurs,
cette nouvelle législation apporta une nouvelle incohérence...
qui ne fit qu'accroître le problème au lieu de le résoudre !
Car en effet les tortues américaines se retrouvèrent toutes interdites de détention
à toute personne non titulaire d'un Certificat de Capacité.
La simple Autorisation d'Elevage d'Agrément ne suffit pas !
Une erreur monumentale !!! Car cela impliquait alors que même les personnes
n'ayant nullement l'intention de rejeter dans la nature leur tortue américaine
tranquillement élevée chez eux... se retrouvaient forcées de s'en séparer !
Une clause avait bien prévu que les détenteurs de ces espèces
au moment de l'entrée en vigueur de ces Arrêtés
pouvaient conserver leurs tortues aquatiques américaines, mais...
encore fallait-il pouvoir prouver la possession ancienne et l'origine de ces tortues !
Autrement dit plus de 95% des possesseurs d'une ou de quelques unes de ces tortues américaines
se retrouvaient condamnés à vivre dans l'illégalité...
à moins de faire disparaître leurs tortues !
Or comment faire disparaître une tortue de chez soi en lui laissant la vie ?
Eh bien... en la relâchant dans une rivière, ni vu ni connu !
En voulant protéger la cistude, le législateur semble n'avoir pas du tout compris
que cette partie de la législation portant sur les tortues aquatiques américaines
n'allait aboutir qu'à intensifier de façon dramatique
le déséquilibre des écosystèmes aquatiques français
et donc obtenir l'effet contraire à celui souhaité !
Le résultat aujourd'hui est catastrophique :
toutes les associations de France se sont retrouvées
en quelques semaines en 2004 devant un problème insurmontable :
gérer une nouvelle situation totalement imprévue du jour au lendemain
et agir dans l'urgence !
Car en plus les associations n'avaient absolument pas été prévenues de ces détails ahurissants
avant la publication des arrêtés,
même pendant les négociations déroulées lors des années précédentes...
Résultat : On a d'un côté une recrudescence des demandes d'abandon à contre-coeur
par de nombreuses personnes préférant trouver une association
pour recueillir leur tortue pourtant bien aimée
plutôt que l'abandonner purement et simplement à la nature
(nous avions lancé une grande campagne de sensibilité
justement pour éviter ces relâchers sauvages et destructeurs pour la faune européenne).
Et on a d'un autre côté de très nombreuses tortues aquatiques américaines
qui ont été quand même relâchées dans la nature
soit par des personnes indélicates se moquant de la préservation de la nature
soit par des personnes n'ayant pas été suffisamment (ou pas du tout) informées
du danger que représentent ces relâchers sauvages.
Politiquement le problème n'est toujours pas résolu aujourd'hui en ce début 2008.
Même les associations doivent demander une autorisation préfectorale spéciale
pour être habilitées à recueillir les tortues !
Un non-sens incroyable !!!
Et rien n'annonce un changement dans un proche avenir
concernant ce grave aspect négatif pour la nature européenne dans la législation française.
Les décisions prises par nos politiciens vont dans ce cas précis...
à l'encontre de la préservation de la nature ! Une monmentale aberration !
Dans l'urgence
un certain nombre de lieux de recueillement ont été mis en place dans toute la France
par des organismes en relation avec les instances scientifiques
(CNRS, Université de Paris Sud et Faculté des Sciences d'Orsay).
C'est le "Programme Tortues de Floride",
sous la direction de notre ami le Dr Antoine Cadi.
Il existe à ce jour une vingtaine de ces centres en France,
souvent établis sur des structures déjà existantes
(espace pris sur des parcs animaliers, des zoos, des jardins botaniques...)
et parfois créés de toutes pièces par des élus locaux ou des admiministrations locales.
Les animaux sont recueillis dans ces centres, soignés et parfaitement respectés.
Mais les centres de recueillement de cette grande opération nationale
connaissent régulièrement un véritable engorgement tant les demandes sont nombreuses !
Par ailleurs la création d'un tel centre est extrêmement coûteuse !
Car vu le nombre de tortues qui y convergent, il faut énormément d'espace, des infrastructures,
une petite clinique de soins,
du personnel soignant, du personnel d'entretien et du personnel administratif,
le creusement de bassins nombreux et très grands,
isolés les uns des autres pour assurer les quarantaines sanitaires
et le respect des espèces...
et empêcher la reproduction des animaux entre eux ou les combats entre mâles !
L'autre solution pour le particulier
désireux de trouver une solution "humaine" pour son animal
dont il est forcé de se séparer
est de s'adresser à l'association locale, tout simplement,
car la plupart des associations en France, affiliées ou pas à la fédération FFEPT,
acceptent bien entendu de recueillir les tortues abandonnées, toutes les tortues abandonnées,
qu'elles soient aquatiques ou terrestres.
Il est impensable que le législateur français condamne une association pour avoir recueilli une tortue
qui en cas de refus aurait été nécessairement rejetée n'importe où et n'importe comment dans la nature...
ou revendue, et dans la majorité des cas illégalement !
Ce serait de la part de la France une violation de la Convention internationale pour la préservation de la Biodiversité
(PNUE, Programme des Nations Unies pour l'Environnement) !
Les tortues sont alors gérées suivant les possibilités de ces associations.
Mais toujours dans le respect de l'animal, des espèces, et de la législation.
Généralement les tortues sont remises à des adhérents de l'association
de préférence titulaires du Certificat de Capacité
(on a alors la certitude des compétences de l'adhérent
tant dans l'élevage que dans la connaissance des méandres de la législation)
ou en second lieu titulaires de l'Autorisation d'Elevage d'Agrément
(situation étudiée alors au cas par cas
pour assurer la garantie des connaissances de l'adhérent,
de son éthique, et bien évidemment de ses capacités d'accueil,
tant en termes d'espace qu'en termes de qualité sanitaire).
L'ATC a donc,
en plus de ses activités quotidiennes de pédagogie et de partage des connaissances,
deux missions :
- l'accueil :
- des tortues trouvées, toutes espèces, qu'elles soient terrestres ou aquatiques
- des tortues abandonnées, souvent à contre-coeur par leur propriétaire, toutes espèces, qu'elles soient terrestres ou aquatiques
- la collecte de toutes informations et de tous témoignages sur la localisation de tortues observées dans les milieux naturels des départements où elle est représentée. Il s'agit d'une grande "enquête permanente" lancée auprès de tous les particuliers, adhérents ou pas, et de tous les intervenants régionaux (administrations, élus locaux, associations, défenseurs de la nature...) afin de cartographier les zones de vie de la cistude mais aussi de repérer des zones de relâchers sauvages de toutes les sortes de tortues.
Toute personne ayant observé une ou plusieurs tortues dans un milieu naturel,
qu'elle soit aquatique ou terrestre, dans nos régions,
est invitée à nous le faire savoir en utilisant ce bon :

ou en prévenant rapidement et directement, par e-mail, par courrier ou par téléphone,
un responsable local de l'association.
Les coordonnées de tous les responsables locaux de notre association
sont indiquées à cette page.
Ne rejetez pas vos tortues dans la nature ! L'ATC recueille les tortues ! |